Il se peut que certaines personnes impliquées dans notre histoire ne soient pas en accord avec notre récit. Parents d’un enfant de 4 ans parti sur l’autre rive pour l’éternité, nous racontons notre histoire telle qu’à nos yeux elle nous est apparue d’abord insouciante, inquiétante et pour finir intolérable……..
Le mardi 2 mai 2006, nous avons rendez-vous avec le pédiatre de la famille le docteur JULIEN-LAFERRIERE qui suit notre fils depuis sa naissance, pour ce qui ressemble à une angine. En commun accord avec le pédiatre la décision est prise de faire opérer ILIANE des amygdales, celles-ci étant apparemment importantes et empêchant notre bébé d’être au meilleur de sa forme. Le pédiatre nous propose de prendre rendez-vous avec l’ORL le docteur EL HASSANE qui consulte dans le même Cabinet Médical ; pourquoi pas, de plus, cet ORL a déjà opéré notre fils en 2005 des végétations et cela s’était plutôt bien passé.
Rendez-vous pris avec l’ORL le jeudi 4 mai ; lors de la visite, bébé n’est pas très confiant et reste planté devant la porte, il ne veut pas rester, pourtant il le connaît mais ne semble pas apprécier cette visite ; le médecin parle fort avec de grands gestes….
En ce qui concerne la consultation en elle-même, elle dure le temps qu’ILIANE ouvre la bouche et la referme, c’est fini, pendant cette infime minute, l’ORL avait constaté que les amygdales devaient être opérées.
Il nous propose d’opérer notre fils au plus vite, il prend rendez-vous de son bureau avec l’anesthésiste le docteur RAVELOJAONA qui consulte dans la clinique ou l’ORL loue son boxe pour opérer : La Clinique de Parly II, pour le lendemain, pas de perte de temps, il me prescrit la prise de sang et fixe une date pour l’opération : 10 mai 2006. Le compte à rebours a commencé, 7 jours plus tard Iliane quittera cette terre.
Lors du rendez-vous avec l’anesthésiste, des questions sont posées sur l’état général de notre enfant, la consultation est brève.
Mercredi 10 mai 2006, 7 heures du matin, départ pour la Clinique de Parly 2 . Dès que nous sommes prêts, nous le réveillons, il a du mal, c’est dur le matin pour notre petit ange, il grogne, nous l’habillons et puis nous prenons le départ pour la clinique, départ qui s’avérera être l’ultime voyage de sa courte vie.
Nous sommes les premiers à arriver à la Clinique, nous attendons dans la salle d’attente que le bureau des admissions ouvre afin de constituer le dossier administratif. Enfin on nous accueille et on nous dirige vers les services des hospitalisations ambulants ; Une infirmière nous accueille et nous fait attendre ; pendant ce temps mon mari joue à des jeux avec son fils ; celui-ci est joyeux et n’a pas conscience des derniers instants de sa vie sur cette terre ; nous non plus d’ailleurs.
Le dossier d’ILIANE reste introuvable ; l’infirmière appelle le bloc pour savoir si le chirurgien Monsieur EL HASSAN RAHMI a bien prévu l’opération ; après en avoir eu confirmation, on met sur le petit poignet d’Iliane un bracelet avec son nom et prénom ; on nous installe dans une pièce ; Iliane est déshabillé, puis l’infirmière vient lui administrer un suppositoire pour qu’il se détende ; encore un petit quart d’heure d’attente puis à 8H30 un brancardier vient le chercher, son doudou serré entre ses bras, nous l’embrassons, nous l’encourageons, promis quant tu va revenir, tu auras tes pyjamas BABAR et ACTION MAN, courage bébé, il part, il nous regarde inquiet mais courageux, nous lui envoyons des baisers ; après ces adieux, plus jamais nous ne l’avons revu vivant.
L’infirmière téléphone pour trouver une chambre, nous allons devoir rester une nuit avec notre fils à la Clinique pour une surveillance, nous sommes conduits dans cette maudite chambre et l’attente commence. Mon mari décide d’aller chercher les pyjamas promis à notre bébé, moi je me mets à lire, les minutes, les heures passent ; à 11 heures, je commence à m’inquiéter, je me déplace au bureau des infirmières pour demander que l’on me donne des nouvelles ; après avoir appelé le bloc, les infirmières me rassurent, ILIANE est en salle de réveil. Encore une heure d’attente, je rencontre l’infirmière chef dans les couloirs et lui parle de mon angoisse de ne pas voir mon fils revenir, elle me dit qu’il n’est que 11 heures et qu’il est un peu tôt pour qu’il remonte dans la chambre. A 12 heures, n’y tenant plus, je repars vers le bureau des infirmières, elle téléphone au bloc devant moi, pas de réponse, je campe devant leur bureau, inquiète ; elles sont évasives et ne me rassurent pas vraiment, elles me demandent d’aller attendre dans ma chambre et me disent qu’elles me préviendront dés qu’elles auront des nouvelles.
Enfin, à 13 heures, la porte de la chambre s’ouvre : entre le docteur EL HASSAN RAHMI, transpirant, suant, haletant, bégayant ; il se jette sur un verre d’eau et m’annonce, le regard fuyant, qu’il y a eu un « petit » problème lors de l’opération de mon fils, que celui-ci a été mis dans un coma artificiel pour son bien être et qu’il ne faut surtout pas paniquer, que tout va bien, que je pouvais lui faire confiance - m’avait-il jamais menti -, mais surtout pas de cris, pas de bruit.
Ma tête tourne, mon corps flanche, un cri de bête sort de ma bouche, j’ai senti la mort de mon fils. Je cherche le médecin, il est déjà parti, je lui cours après, il est dans le bureau des infirmières, avachit sur un fauteuil, il téléphone à l’hôpital MIGNOT, pour faire transporter mon enfant, apparemment l’Hôpital est pris de cours. Je ne comprends rien, je le regarde, mais son regard me fuit encore, et puis il s’en va en me laissant seule, je ne sais pas quoi faire, quoi dire, je téléphone à mon mari, mes parents, mes sœurs, mes frères, je crie au téléphone « vite, venez ….ILIANE c’est grave ».
A partir de ce moment, commence notre errance dans les couloirs de la Clinique à la recherche de notre fils où est-il ?, le silence, personne ne nous accompagne, nous sommes seuls, nous arpentons les étages, nous traversons les couloirs, nous cherchons tout simplement notre fils. Mon mari descend au rez-de-chaussée, demande à l’accueil de lui appeler le docteur, tout de suite, qu’il ne bougerait pas d’ici sans l’avoir vu ; le docteur apparaît, il est rassurant mais demande à mon mari de ne pas hurler, de ne pas faire de bruit, il repart aussi vite et demande en douce aux infirmières d’appeler la sécurité en cas de grabuge. Personne ne nous regarde ni ne nous parle, nous finissons par trouver le bloc opératoire, nous ouvrons la porte, nous hurlons notre désespoir, rendez-nous notre fils !. L’ensemble du personnel du bloc nous regarde mais personne ne nous répond, à force de crier, deux anesthésistes donc celle qui avait la responsabilité de notre fils le docteur RAVELOJAONA, apparaissent et nous apprennent que le docteur RAHMI tente de stopper une hémorragie due à de petits vaisseaux, mais rien de grave, tout va bien, il suffit d’attendre et nous aurons des nouvelles. Nous décidons avec la famille de camper devant le bloc opératoire dans l’attente de nouvelles, nous n’avons plus confiance.
En début d’après-midi, assis à même le sol devant le bloc dans l’indifférence de l’ensemble du personnel médical qui passent et repassent devant nous sans nous voir, apparaît une dame qui se présente en tant que responsable des soins infirmiers : Madame Raymonde DESNE. Elle souhaite nous voir, elle nous informe qu’elle vient seulement d’être mise au courant d’un « problème » nous concernant. A sa demande, nous la suivons au rez-de-chaussée, dans son bureau. Aussitôt elle téléphone au bloc afin que le docteur RAHMI puisse venir nous expliquer la situation ; nous commençons donc à raconter et surtout à exprimer notre indignation concernant ce manque d’information, ce silence, le comportement de l’ensemble des agents de cette clinique et surtout de ce médecin devenu invisible et incapable de nous dire ce que notre fils est devenu depuis ce matin. Au bout d’un certain temps, toujours sans nouvelle du docteur, Madame DESNE téléphone de nouveau au bloc ; cette fois, personne ne lui répond. Ne sachant plus quoi faire, elle s’excuse de l’absence du médecin, et promet des explications sur la situation dès qu’elle pourra joindre Monsieur RHAMI.
Nous rejoignons de nouveau notre famille toujours devant le bloc dans l’attente de nouvelles, c’est l’angoisse, personne ne vient nous voir, nous parler, le silence est mortel ! L’anesthésiste le docteur RAVELOJAONA accompagnée d’un collègue viennent de nouveau nous voir ainsi que l’infirmière qui surveille notre fils ; ils nous rassurent, tout va bien, ce n’est pas grave, juste une hémorragie, rien de plus. Nous les croyons, pourquoi nous mentir, ils savent, ils sauvent des vies, pas nous. A force de questions, les anesthésistes finissent par nous avouer qu’à la demande du Docteur RAHMI, le docteur HERVE, ORL lui aussi à la Clinique, a dû intervenir de nouveau pour arrêter l’hémorragie. Combien de fois notre fils a été opéré ? L’information nous fait peur, que s’est-il vraiment passé lors de cette opération ?
Vers 16 heures, le docteur HERVE, que nous n’avions jamais vu auparavant, vient nous annoncer que l’artériole en cause de l’hémorragie de notre fils vient d’être clampée par lui (c’est quoi une artériole, c’est grave ou non mais nous n’osons pas l’interrompre et lui-même ne nous donne aucune autre information). Il nous dit qu’ Iliane a perdu 500 ml de sang et qu’une transfusion va lui être faite mais que tout a été réglé, que notre fils est sauvé, mais qu’il ne pouvait pas rester à la clinique et devait être transféré dans un hôpital parisien (NECKER ou GARCHES) pour une meilleure surveillance, Il nous prévient que cela prendra du temps pour trouver une place.
Nous demandons à voir notre fils que nous n’avons pas vu depuis ce matin. Après quelques minutes, on nous autorise à le voir mais seulement quelques minutes, pas plus, nous acceptons. On nous fait comprendre que c’est une faveur exceptionnelle qui nous est accordée. On nous habille en cosmonaute et enfin nous voyons notre fils entouré de plusieurs médecins, anesthésistes, infirmières, le seul absent est le docteur RAHMI. Tout ce petit monde discute, détendu, souriant autour de notre fils inerte, entubé, relié à des machines ; on nous rassure, il va bien. L’infirmière chargée de surveiller notre fils nous demande de faire abstraction de l’appareillage qui est là uniquement pour son bien être. Nous y croyons ; nous l’embrassons. Bientôt, il sera de retour à la Maison. Ouf ! Que de stress ! Toujours pas de docteur RAHMI dans les parages.
De nouveau, Madame DESNE vient nous voir devant le bloc opératoire. Elle souhaite nous revoir avec le Docteur RHAMI ; elle exige sa présence, elle menace de sanctions s’il n’apparaît pas. Même la hiérarchie de la Clinique avait du mal à le trouver ; cela ne nous rassure pas. Notre angoisse reprend de plus belle. Nous suivons Madame Desne dans son bureau. Un quart d’heure plus tard, le docteur RHAMI apparaît, livide, Il tente d’expliquer son comportement, mais n’y arrive pas. Pourquoi ne pas nous avoir dit que notre enfant avait été opéré plusieurs fois ? Son seul argument a été de dire qu’en tant que chirurgien, il ne s’était préoccupé que de l’état de notre fils et qu’il ne pouvait pas faire deux choses à la fois, nous devions avoir confiance en lui. Il a fini par nous avouer que ne sachant arrêter l’hémorragie de notre fils il a fait appel au docteur HERVE qui a pu arrêter le saignement. L’information nous laisse sans voix, mais de nouveau le docteur nous rassure, tout va bien !
Vers 18 heures, ils finissent par nous dire qu’un hôpital parisien accepte d’accueillir notre fils, il s’agit de l’hôpital NECKER. Maintenant, il ne reste plus qu’à trouver un SAMU équipé pour un enfant de cet âge. Le SAMU de l’hôpital de MIGNOT accepte de prendre en charge notre fils. Nous attendons qu’il le prépare. C’est long, nous attendons dans le parking, prés du camion du SAMU, afin de pouvoir l’embrasser. Enfin, il arrive accompagné juste d’une infirmière, pauvre bébé, considéré comme une petite chose bien encombrante, même pour l’accompagner, personne, pas de médecins, pas de responsable et toujours pas de docteur Rahmi. Nous avons vraiment l’impression que pour l’ensemble de la Clinique c’est un soulagement que notre enfant soit transférer loin de la Clinique. Il ne sera pas compté dans les statistiques de fin d’année du Ministère de la Santé (afin que celle-ci soit classée dans les premières dans le guide des meilleures cliniques).
Nous suivons le SAMU, confiant, plein d’espoir et la promesse de jours meilleurs. Nous nous perdons dans Paris. Nous arrivons enfin à l’hôpital ; l’accueil est formidable, plein d’attention et de délicatesse, cela nous change. Nous sommes presque étonnés de voir cette équipe nous entourer, nous installer dans une pièce chaleureuse, attribuée aux parents. Dans la demi-heure qui suit, le médecin chargé de notre fils arrive, il s’agit du docteur Fabrice LESAGE, adjoint au Service de Réanimation, il nous explique que l’on installe notre fils, que des examens sont en cours et que les résultats nous serons communiqués dans la soirée.
Le Docteur LESAGE nous explique que d’après le dossier médical de la Clinique de Parly 2, de l’acidité a été détectée dans le sang de notre enfant. Nous lui demandons plus d’explications ; il nous avoue que la présence d’acidité signifie que certain des organes vitaux ont sûrement été touchés par un manque d’oxygène dû à l’hémorragie. Ne pouvant se prononcer avant les résultats des analyses, il ne pouvait savoir quel organe pouvait être affecté par ce manque d’oxygène.
La nouvelle nous anéantie, pourtant nous y croyons. Ce n’est pas possible que notre fils, notre bébé, puisse ne pas s’en sortir, ce n’est qu’une « banale » opération des amygdales, faite en France, pays où le médecin est roi, la médecine reine.
Cette journée s’achève, épuisante moralement et physiquement, nous sommes au bout mais heureux que notre fils soit entre de bonnes mains. Nous sommes pleins d’espoir ; mon mari finit par me quitter vers 11 heures du soir pour aller se reposer à la maison. Moi je reste à l’hôpital, je m’allonge sur le canapé, je fini par m’assoupir, je me réveille vers minuit, pressée d’aller voir mon fils, intuition ou je ne sais, j’ai senti qu’il fallait le voir, je sonne pour accéder au sas, j’attends, puis je vois le docteur LESAGE arriver vers moi, la mine grave, sans détour il m’annonce que les reins et le foie de mon fils ne fonctionnent plus, que les pupilles sont fixent donc que le cerveau est aussi endommagé. Il reste peu d’espoir, le cerveau est sûrement touché, rien ne sort de ma gorge, rien, je suis vide, l’anéantissement de notre famille, une formidable aventure à cinq, la fin d’une vie tellement belle qu’elle en devenait insolente, la mort n’y avait pas sa place, pas dans notre vie bâtie sur l’amour et la tendresse.
Avec beaucoup de tact, le Docteur me demande d’appeler mon mari, afin que nous soyons auprès de lui pour ses derniers instants, ce que je fais.
Il hurle sa douleur au téléphone, ne peut y croire, « si viens, c’est fini, c’est la fin de son histoire, viens vite, je vais mourir de chagrin ».
Nous voilà devant notre enfant, mort cérébralement, mais pas débranché, il faut attendre qu’un électrocardiogramme soit effectué pour que la mort soit officielle. Nous regardons notre bébé avec ses tuyaux, ce magnifique bébé, notre soleil à la maison, notre petit dernier, rieur, charmeur et plein de vie, chéri par tous, frère et sœur, tantes et tontons, grands-parents. Toutes ces machines autour de lui ne peuvent vraiment pas le sauver ? Est-ce vraiment fini ? Nous ne comprenons toujours pas ce qui nous arrive.
Au petit matin, nous décidons d’appeler notre famille pour nous accompagner dans cette douloureuse épreuve. Chacun vient le voir, lui dire au revoir et enfin le médecin nous demande s’il peut enlever l’appareillage, car l’électrocardiogramme est plat, c’est fini. Nous donnons notre accord, nous lui confions son petit pyjama vert.
L’équipe nous fait participer à chaque étape des derniers instants de notre bébé. Nous sommes présents quand les infirmières le lavent, lui mettent son pyjama, puis nous le prenons dans nos bras son père et moi, nous le serrons fort nous l’embrassons, nous l’aimons tellement, nous hurlons notre douleur dans cette chambre où le médecin et les deux infirmières nous accompagnent dans cette douloureuse épreuve, sa petite sœur le prend aussi dans ses bras mais son grand frère se sauve en pleurant, il ne peut concevoir de tenir son frère adoré mort dans ses bras.
Anéantis, absent, il est 8 heures ce 11 mai 2006, le docteur RAHMI daigne enfin appeler pour prendre des nouvelles de notre fils :
« -Bonjour Madame Derville, comment va Iliane -Ilane est mort docteur -Mon dieu, ma carrière, ma famille que vais-je devenir, vous avez perdu votre fils Madame, Moi, j’ai perdu ma carrière ! »
Après cet appel, nous avons compris ce que représentait notre fils aux yeux de ce médecin.
Il est temps de laisser le personnel de l’hôpital emmener notre fils à la morgue. Nous quittons l’hôpital, nos cœurs en lambeaux, les yeux noyés de larmes et le sentiment de vivre l’enfer sur terre.
Nous voilà dehors parmi les vivants, nous nous serrons les uns aux autres. Dans notre désespoir nous décidons de faire front à notre destin et d’organiser l’enterrement. Nous nous rendons donc au pompes funèbres de notre Ville, nous rencontrons un accueil formidable, du personnel d’une grande humanité et touché de recevoir un petit ange âgé de 4 ans. Ne pas penser, décider, remplir les documents, … le responsable nous rassure, il s’occupe du dossier administratif avec la Mairie pour la déclaration de décès. Quel soulagement, déclarer une naissance, la joie, déclarer le décès de son enfant, impossible, trop c’est trop.
Nous nous rendons chez mes parents, toute notre famille et nos amis proches nous attendent. Très vite on nous parle d’autopsie. Dans un premier temps, nous refusons que l’on touche encore une fois au corps de notre fils ; Il a assez souffert.
Puis nous pensons à la manière dont nous avons été traités par les médecins et le personnel de la Clinique et surtout à l’absurdité de la mort de notre enfant. Nous avons confié notre fils à un médecin pour l’ablation de ses amygdales et il nous a été rendu moins de 24 heures plus tard dans un cercueil, et cela sans aucune explication, pourquoi a-t-il perdu autant de sang sans que personne ne puisse contrôler la situation alors qu’un bloc opératoire est de fait rempli de personnes compétentes pour sauver des vies ? Nous prenons donc la décision de porter plainte pour que l’on puisse répondre à nos questions.
Nous portons plainte à la PJ, nous sommes reçus par un Capitaine de Police qui a pris notre plainte, il nous prévient qu’une autopsie va être pratiquée sur le corps de notre fils à l’hôpital de GARCHES. En effet, le corps de notre enfant est transporté à GARCHES le dimanche suivant.
Dès le mercredi après-midi, nous nous rendons à l’Hôpital de GARCHES pour rencontrer le médecin légiste qui a pratiqué l’autopsie : A notre demande, l’officier de police judiciaire responsable de notre affaire est présent. Madame X nous reçoit avec une stagiaire et nous explique qu’elle ne peut pas tout nous dire, la seule information est que notre enfant est décédé d’une hémorragie. Nous tentons d’en savoir plus, bien difficilement, à priori peu de réponses vont nous être apportées. Ce manque d’information nous révolte, pourquoi sommes-nous encore mis à l’écart, le corps médical nous a privé de voir grandir notre enfant pour le restant de nos jours n’est-ce pas assez ?
Pressée de nos questions, elle finit par nous avouer que l’hémorragie est due à une artériole sectionnée lors de l’ablation des amygdales et de ce fait notre fils s’est vidé de son sang. Elle nous rassure, bien sûr, il n’a pas souffert, puisque son cerveau a très vite a cessé de fonctionner par le manque d’oxygène dû à cette maudite hémorragie, quel soulagement ! A ce qu’elle croit cette dame. Comment l’artériole a-t’elle pu être à ce point endommagée par ce chirurgien ? Est-ce courant ? L’artériole est elle située à proximité des amygdales ? Madame X, expert à la cour d’Appel de Versailles, maître de conférence des Universités en médecine légale, n’a pas su répondre à cette question.
Par contre, à la fin de l’entretien, elle s’empresse de nous remettre un dossier de demande d’indemnisation ; elle nous demande de remplir ce document dès que nous serions rentrés chez nous, de ne surtout pas perdre de temps, que nous pourrions être indemnisés dans les 6 mois. Merci Madame, je n’ai pas encore fait d’étude de prix sur la dépouille de mon fils, laissez-moi le temps de respirer ! Ciel, dans 6 mois je saurais combien valait mon fils pour avoir passé 4 ans sur cette terre !.
Un tel empressement nous pousse à regarder sur internet et à nous informer sur cette association, de fait très respectable, et nous nous rendons compte que le but est d’indemniser les victimes d’erreurs médicales sans passer par une action en justice et donc, dès la transmission du dossier, toute action en justice est non recevable. Sachant qu’elle savait que nous avions porté plainte et que nous souhaitions aller vers une action en justice, nous avons trouvé sa proposition révoltante ; voulait-elle vraiment nous aider ou jouait-elle la solidarité du corps médical.
Les pompes funèbres de notre Ville n’ont l’autorisation des autorités judiciaires de ramener notre fils au funérarium que le jeudi suivant, en effet, nous avons appris à nos dépens que notre décision de faire pratiquer une autopsie avait mis en route la procédure judiciaire et que le corps de notre enfant ne pouvait nous être rendu qu’après avoir été mis en bière par l’hôpital de GARCHES. Pour nous qui désirions rendre hommage à notre fils selon nos rites, cela fut l’enfer d’attendre dans l’incertitude. Dans notre malheur nous avons eu l’appui d’une justice humaine qui à bien voulu transgresser les règles et nous rendre notre fils afin de l’enterrer dignement.
Enterrer notre fils de 4 ans, voilà notre ultime épreuve, croyons-nous, mais ce n’est que le début d’un long chemin semé par la douleur et mouillé par les larmes et de surcroît sans fin. Iliane a vécu dans une famille où la liberté de vivre et de penser étaient primordiales, donc nous avons organisé son enterrement à notre façon, sans nous préoccuper du reste : prières, lecture de poème de sa petite sœur et de sa maman, lâcher de ballons blancs, couleur de son âme, qui ont éclairé le ciel de mille rayons, c’était magique, des pétales de rose à mettre sur son petit cercueil blanc. Dernier hommage rendu à notre ange par des centaines de personne (amis, famille, collègues et anonymes) venues toutes lui rendre ce qu’il nous avait donné lors de son court passage dans notre monde : amour et bonheur. Pour eux notre gratitude est éternelle.
Le chirurgien, Monsieur RHAMI consultait à son cabinet le jour de l’enterrement de notre fils…. Le pédiatre lui, est venu rendre hommage à mon fils.
Pourquoi se déplacer pour un enfant mort lors d’une opération « banale » ; Les assurances sont là pour pallier à certains manquement de nos praticiens…..Voilà où notre système a conduit. Notre enfant est-il mort victime de notre société ?
Par la suite, il fut nécessaire de choisir le Cabinet d’Avocats qui assurerait notre défense dans la procédure judiciaire lancée et toujours en cours actuellement. Avec l’aide d’amis proches, nous choisissons un Cabinet qui accepte de prendre notre affaire et qui surtout nous met en confiance et qui n’hésite pas à nous parler du temps qu’il faudra pour que justice soit rendue si elle se décide à juger les ou le responsable de la mort de notre fils.
Cela fait bientôt deux mois que notre enfant a été mis en terre, 2 mois qu’il ne respire plus, qu’il ne fait plus partie du monde des vivants. Jamais au grand jamais il ne laissera son empreinte sur cette terre, il est devenu un ange malgré lui et jamais le soleil ne fera briller ses yeux. Pour les croyants, il est auprès de Dieu et continue une vie différente de la nôtre, une vie apaisée et pleine de joie ; pour les autres, il est tout simplement à deux mètres sous terre et deviendra poussière au fil du temps. Quelle importance pour nous, ses parents, perdus dans le pays des larmes et dont les cœurs cherchent à comprendre l’inconcevable, perdre pour l’éternité, le fruit de son amour, son enfant…..
La mort de notre fils ne devra jamais être réduite à une ligne de statistique, c’est pourquoi nous refusons la fatalité et mettrons tout en œuvre pour qu’aucun autre enfant ne subisse plus le même sort.
Il faut que le monde sache et comprenne pourquoi il n’a pas eu le droit de vivre……
Pour tous ceux qui pourrait ne pas comprendre, sachez que nous aurions préféré un diable sur terre qu’un ange au ciel.
Farida et Stéphane DERVILLE